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Sahara Occidental
Installation issue de ces rencontres et de ce voyage présentée à la Maison de la culture d'Amiens et au Channel à Calais.

Ils ne sont plus, pas ou pas encore en guerre,les signes sont là...


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Un projet précédent (1 000 Bocaux) m'a permis de rencontrer en 1996,
dans le désert sud saharien, les réfugiés Sahraouis. Sédentarisés de
force, ces ex-nomades construisent, pour élever leurs misérables
chèvres, des enclos avec les rebuts ou les débris abandonnés au bord des
pistes. Ces enclos signifient l'attente dans une paix provisoire. Ils
sont des signes de bords de guerre. Ces matériaux anarchiques
parviennent cependant à s'organiser en architecture. Mon propos n'est pas de magnifier cette architecture de la misère mais plutôt d'en extirper "l'ombre" et
son contenu.
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Mon propos n'est pas de magnifier cette architecture de la misère mais plutôt d'en extirper "l'ombre"et son contenu.

"Le travail de Marie-Claude Quignon évolue dans le paradigme de l'oubli.
Pas à pas, telle une fourmi dans un sentier qui lui est propre, elle prend
les débris en marge de l'histoire, de notre histoire, pour les organiser
autour d'un espace, les animer de sa propre lumière, leur donner une
relecture capable de nous interroger sur la réalité de l'art face aux
exigences de nos responsabilités. Des traces d'événements tragiques
survenus dans des espaces et temps différents, que ce soit en Picardie
ou dans le désert Saharien, refuge des Sahraouis, arrivent  jusqu'à nous,pour nous rappeler que "aujourd'hui» était déjà là "hier", que la dignité individuelle passe par la dignité collective et que l'homme nourrit ses faiblesses à force de les
cacher. La réflexion sur l'art est aussi une réflexion sur l'oubli ou la
banalisation de la mémoire que tend à installer et rassurer la "bonne
conscience". Marie-Claude Quignon nous le rappelle dans ses
installations avec dévouement et tendresse."

Augusto Rodriguès Da Costa

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JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME
UNFS - La femme sahraouie mène un combat double

« Le 8 mars 1997 vient rappeler à la mémoire
collective que le combat de la femme sahraouie est double. » Ainsi
s'est exprimée l'Union Nationale des Femmes Sahraouies (UNFS) à
l'occasion de la Journée internationale de la femme. « Partie prenante
du combat d'aujourd'hui pour le respect du droit à l'autodétermination
et à l'indépendance de son peuple, la femme sahraouie lutte aussi pour
sa propre émancipation », a déclaré l'UNFS, rappelant que « l'histoire
des femmes du Sahara Occidental, territoire colonisé par l'Espagne au
siècle dernier puis occupé par la force, dès novembre 1975, par le
Maroc, est marquée du sceau de la souffrance, des sacrifices, des
longues attentes, de l'endurance et du courage »

L'UNFS a en effet tenu à saisir « l'occasion
de la Journée internationale de la femme pour dénoncer une fois de plus
les agissements inhumains du colonisateur marocain » et à lancer « un
appel pressant à toutes les femmes du monde, aux organisations
humanitaires et de défense des Droits de l'Homme pour faire pression sur
le Maroc afin que soient respectés les droits des citoyennes et des
citoyens sahraouis dans les territoires occupés. »

L'UNFS a également appelé l'ONU « à tenir
ses engagements pour l'organisation du référendum d'autodétermination du
peuple sahraoui, » et notamment à favoriser la voie des « négociations
directes entre le Front Polisario et le Maroc. »

FDIF: Solidarité internationale avec les femmes sahraouies
Dans
une déclaration à l'occasion du 8 mars 1997, la Présidente de la
Fédération Démocratique Internationale des Femmes (FDIF), Mme Sylvie
JAN, a souhaité "une belle journée de solidarité avec toutes les femmes
de la planète qui luttent pour la paix, le développement social, la
démocratie, l'égalité des droits et la parité politique".

"Nous pensons à toutes celles qui affrontent les conflits guerriers, les
conflits dits de "ni guerre, ni paix" comme les femmes sahraouies", a
notamment dit Sylvie JAN.

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Des enclos, issus des débris abandonnés au bord des pistes, pour garder les chèvre

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J.P. Gavard-Perret : "... Le noir comme rappel de cette guerre – de toutes les guerres, guerre d'ici et d'avant, d'ailleurs et de maintenant –, le noir ou cette unique violence maîtresse des émotions les plus fortes. Car ici le noir résiste aux assimilations symboliques. Le noir n'est plus la couleur de l'absence mais son contraire. Le noir n'est plus la nuit. Il appelle la lumière à son horizon qu'il impose dans le paysage où l'artiste impose son oeuvre. Comme une verrue. Comme un miracle. Dans tous les cas un abcès de fixation..."



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Installation au Channel, Calais en 1998

dessins préparatoires
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Avec Bernard Noël Maison de la Culture d'Amiens 1997
Des mines exposées comme des trophées dans le désert


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CONTRER L'ENLISEMENT - Alain (Georges) Leduc - écrivain,critique d'art.
extraits : Aucune forme n'est jamais neutre, et en particulier si celle-ci est produite de main humaine, biface en silex, motif de tissu ou de céramique, poignée ergonomique d'une machine-outil ou tour de refroidissement d'une centrale
nucléaire.
Les formes que Marie-Claude Quignon, qui est plasticienne, nous donne
ici à voir, disent la fracture, l'ennui, l'exil. Fractures, celles d'un
peuple cassé en deux depuis près de trente ans. Mais rappelons les
faits. Sitôt le retrait de l'armée espagnole du Sahara occidental, en
1975, mettant fin à une colonisation séculaire, les Forces armées
royales marocaines (FAR), ainsi que plusieurs divisions de l'armée
mauritanienne, nettement moins importante numériquement, occupèrent le
pays. (...) Marie-Claude,me semble-t-il, a perçus dans ses photographies
tous ces paradoxes s'emboîtant du désert,intriqués entre nomadisme et
fixité, passé et devenir. Elle voit une ligne de cailloux qui coupent
l'espace en deux,comme un peuple se voit coupé en deux. Elle voit les
mines anti-corporelles ; les enclos des ultimes troupeaux ; la trace,
déjà enfouie, des disparus. Car la forme n'est jamais que du sens qui
remonte à la surface. (...) Actes et paroles qui nourrissent un travail
de mémoire. Des mots, des photos, pour contrer l'enlisement.

                                             ********************

UNE NOUVELLE ASSOCIATION DE SOLIDARITE AU
SERVICE DES SAHRAOUYAT Un atelier champêtre au coeur de la brique, au
fin fond de la Picardie. À Molliens-au-Bois, c'est la FORGE, un lieu de
production collective où l'on «façonne des idées en signes publics, à
chaud, au feu du réel».
Par exemple, sous nos yeux,voici des
dizaines de bocaux pas comme les autres : dans ces pots de verre sont
enclos les objets-messages, les cris-symboles qu'y ont placés des femmes
de tout le bassin méditerranéen, souvent exilées. A chacune un
bocal,avec des signes porteurs de bonheur et d'avenir, et puis un bocal -
qui enferme la haine, voire, la barbarie, afin de s'en préserver.
Objectif : mille bocaux semblables pour composer un mur des mille
paroles, comme l'héritage précieux qu'elles veulent transmettre à leurs
enfants...
Mais pourquoi raconter cette histoire ?

Parce que le mur de verre qui parle vient de
s'enrichir des cris des Sahraouyat de France ou des campements.
(voir>Mille et un bocaux-La Forge) Grâce à la rencontre entre
l'artiste plasticienne Marie-Claude QUIGNON, créatrice des Bocaux et
Anne DEVILLE, militante chevronnée de la cause sahraouie. Et sans leur
rencontre, l'Association nouvelle, dont nous allons parler n'aurait sans
doute pas vu le jour...Yvan CHARON

L'Echo du Polisario  : - Quels sont les
principaux objectifs de votre Association ? Anne Deville, Présidente -
Notre but, c'est avant tout de soutenir les Sahraouyat en exil, qu'elles
soient dans les campements ou ailleurs, dans leur lutte pour leurs
droits, le respect de la personne humaine et la reconnaissance de leur
Etat. Les aider par tous les moyens qui vont de l'information aux
échanges en passant par la formation et la réflexion en commun.

En tout état de cause, notre rôle ne sera
pas de doubler les nombreuses organisations humanitaires existantes mais
plutôt d'apporter à ces femmes une ouverture sur le monde. - D'ailleurs
avant même de créer cette association vous avez toutes les deux ébauché
en décembre 95 une action culturelle avec les Sahraouyat de Mantes, à
savoir leur participation à l'opération «1000 bocaux». Ou en êtes-vous ?


Marie Claude Quignon : "Un beau jour d'été,
j'ai vu arriver ici, avec Anne, trois femmes sahraouies en robes
somptueuses qui venaient m'apporter une quinzaine de bocaux. Chose
extraordinaire, elles avaient aussi leur attirail pour faire le thé chez
moi, un rite typique d'échange et de reconnaissance... Mais entre
temps, en février 96, j'étais allée dans le désert, aux campements.
Expérience décisive pour le projet "1001 Bocaux" :https://laforge.org/projet/mil...elles m'avaient apporté quelques signes
très forts, comme cette poupée fabriquée en os de mouton, cette douille
de balle et même un petit morceau de sa maison qu'une femme a cassé pour
moi ! Et puis j'ai eu un autre choc qui ouvrait une autre piste ! J'ai
découvert une forme plastique typique du paysage sahraoui : les cabanes
de chèvres.

De forme cylindrique construites en tôle de
récupération, mosaïques de ferraille et de bidon écrasés ! J'ai passé
des journées à les photographier...

Question : "Et cette vision a puissamment
inspiré la plasticienne engagée que vous êtes puisqu'elle sera au coeur
de l'Exposition que vous préparez pour 1998 ?"

M.-C. Quignon -" A travers des objets-signes
organisés plastiquement, il s'agit d'une mise en parallèle entre la
Résistance des Sahraouis et celle des Français, résistance au sens large
contre la barbarie, l'impérialisme. J'ai appelé l'expo «BORDS DE
GUERRE» Parce-que tous ces objets sont à la lisière d'un conflit.

Pour résumer le volet français, disons que
j'ai «mis en scène» des vêtements d'enfants d'avant-guerre, retrouvés
par hasard, emballés dans des journaux fascistes de l'époque.

Quand au volet sahraoui, c'est une série de
quatre cabanes de chèvres stylisées, réalisées grandeur nature en tôle
goudronnée et qui seront habitées de signes : une juxtaposition de tous
les noms des "disparus" sahraouis. Au-dessus d'un sol couvert de mines,
sous une couche de sables ; une multitude d'étiquettes de boîtes de
corned-beef, «DON DE LA FRANCE» ; (notre bonne conscience) , les fameux
bocaux des Sahraouyat et même une plate-bande de fleurs vivantes pour
évoquer les superbes jardins du désert."

A. Deville - "Il faut dire que cette oeuvre
personnelle de plasticienne permet à Marie-Claude de s'exprimer, mais
cette expression n'est ni neutre, ni formelle : elle est chargée de sens
et défend la cause sahraouie. C'est une façon d'être artiste et
citoyenne. Comme elle l'écrit dans un texte d'accompagnement : « je ne
joue pas avec l'esthétique de la misère, j'en extirpe l'ombre et son
contenu...» (Propos recueillis par Yvan. Charon)